Bravo Bernard, ça n'a pas trainé.
À vous la main.
La légende des Belles-Filles
Comme un seul homme, les villageois, en tout cas les mâles, décidèrent de résister coûte que coûte à l’envahisseur. Admirée pour sa remarquable beauté, Inès, folle de fierté face au courage de son père et de ses frères, se proposa d’emmener femmes et enfants à l’abri des conquérants, un peu plus loin, sur les hauteurs.
Ce qui devait arriver arriva. Supérieurs en nombre et en armes, les Suédois passèrent par l’épée la presque totalité des hommes de Planche-Bas. On raconte que le plus jeune d’entre eux, presque un enfant, parvint tout de même à échapper à la furie de la bataille et à fuir vers le refuge trouvé par les femmes.
Hélas, il laissa dans sa fuite quelques traces dans la neige. Piste que les Suédois eurent tôt fait de suivre. Quand le chef de ces derniers, menant sa troupe au combat, aperçut la belle Inès, il fut comme subjugué. Elle aussi le trouva très beau, malgré l’effroi qu’il lui suscita. L’espace d’un instant, ces deux âmes tombèrent follement amoureuses l’une de l’autre.
Mais Inès, comme les femmes du village, avait résolu de ne pas tomber vivante entre les griffes des Suédois. On les savait violeurs, tourmenteurs et assassins. De concert, les jeunes filles de Plancher-Bas se jetèrent dans l’eau glacée de l’étang. Elles y périrent toutes, noyées. Le chef des Suédois avait bien tenté de les en dissuader, mais il était trop tard.
Ivre de tristesse à la perte de sa bien-aimée, il fendit de son épée et de rage un rocher en deux. Puis il prit une planche sur laquelle il décida de graver un hommage au courage des belles filles comtoises de Plancher-Bas. On dit que de cette planche naquirent plusieurs fées qui rendent encore parfois visite aux maisons des Vosges saônoises.